Reporters sans frontières veut, au nom de la liberté d’expression, en imposer sa conception à tous. Le secrétaire général de RSF entend faire signer à tous les responsables religieux une proclamation, intitulée « la liberté d’expression n’a pas de religion », qu’il présente ainsi :
« Si on ne veut plus que des fous furieux débarquent dans une rédaction, il faut absolument faire en sorte que dans tous les lieux de culte, sans exception, les religieux disent aux fidèlesque le blasphème, c’est un droit. Ils doivent dire que s’ils considèrent leur croyance comme sacrée, autrui n’y est pas tenu et que le blasphème n’est pas condamnable. »
Le président de la Fédération protestante de France a « signé des deux mains » et Dalil Boubakeur a ratifié le texte en tant que recteur de la Grande mosquée de Paris. Le grand rabbin de France s’est interrogé sur le fait qu’il n’ait pu discuter du texte, mais aurait exprimé son accord de principe. Reste la Conférence des évêques de France. Le porte-parole de la CEF, Mgr Olivier Ribadeau Dumas, déclare :
« Nous respectons le travail immense que fait RSF pour la liberté de la presse dans le monde, mais quelle légitimité a-t-elle pour lancer un appel aux responsables des cultes ? Toute association va-t-elle demain sommer l’Eglise catholique de dire quelque chose sur tel ou tel sujet ? Jusqu’où ira-t-on ?. Je trouve que ce texte fait peser un soupçon sur les religieux, qui seraient comme responsables du climat du moment et d’un manque de liberté d’expression »
Mgr Pontier, président de la CEF, rappelle que le conseil permanent de la Conférence des évêques de France s’était déjà exprimé sur la question de la liberté d’expression au lendemain des manifestations du 11 janvier.
« Il n’est pas en outre dans l’habitude de la Conférence des évêques de France de signer un texte dont elle n’est pas au moins corédactrice ». « Plus profondément, cette proclamation semble soupçonner les religions d’être sinon opposées à la liberté d’expression, du moins peu militantes de cette cause ».
Le président de la CEF juge « discutable » la légitimité de l’organisation « pour inviter tous les curés, rabbins et imams à signer ce texte ».
« On ne peut enfin entrer dans une pratique qui consisterait à être mis en demeure de signer par des associations les plus diverses tel ou tel de leurs documents ».
