Mgr Joël Mercier, 70 ans, ancien secrétaire particulier des évêques d’Angers, aujourd’hui secrétaire de la Congrégation pour le clergé, répond dus x questions d’Aleteia :
« Qu’est-ce qu’un prêtre ? Quels noms peut-on utiliser pour en parler ?
Ambassadeur du Christ, lieutenant du Christ, vicaire du Christ : tous ces noms conviennent. Comme tout baptisé, le prêtre est l’ « ambassadeur du Christ », c’est-à-dire son messager, son envoyé (cf. Saint Paul aux Corinthiens). Il est aussi son « lieutenant », au sens de « tenant lieu de ». J’aime bien cette expression, qui montre que le prêtre agit non seulement au nom du christ, mais en sa personne, in persona Christi : il « tient lieu » du Christ. Bien que cet autre terme soit aujourd’hui habituellement réservé au Pape, celui de « vicaire du Christ » correspond aussi à tout prêtre et à tout évêque, en tant qu’il agit au nom d’une autorité supérieure, celle du Christ, celle de Dieu.
Et que dire de ce nom de pasteur si cher au Pape François ?
Le prêtre est pasteur, parce qu’il est configuré au Christ « Bon Pasteur », qui est venu rassembler les enfants de Dieu dispersés et qui donne sa vie pour ses brebis. Si le prêtre est pasteur – à la différence des laïcs qui ne le sont pas – c’est dans le prolongement, dans la suite du Christ. Dans la communauté qui lui est confiée, le prêtre est appelé à prolonger la présence du Christ, unique Pasteur. En rappelant souvent aux prêtres et aux évêques qu’ils sont des pasteurs, le pape François met en valeur cette dimension essentielle de leur sacerdoce, les invitant à manifester l’amour même du Christ et sa miséricorde à l’égard de ceux dont ils ont la charge pastorale.
Quel est le rôle du prêtre ?
Paraphrasant saint Augustin qui parlait de l’évêque, je dirais volontiers : « Avec vous je suis chrétien, pour vous je suis prêtre ». Comme tout baptisé, le prêtre est appelé à témoigner de l’Evangile, à témoigner de la proximité, de la présence du Christ à tout homme, à commencer par les « plus petits » ou ceux qui souffrent. Il est appelé à évangéliser en annonçant la Bonne nouvelle. Mais seul le prêtre, en vertu de sa consécration, de son ordination sacerdotale, peut rendre présent le Christ qui pardonne et se donne en nourriture. Il le fait à travers l’Eucharistie et le sacrement de réconciliation, que lui seul peut célébrer. Là est le cœur de sa mission.
Comment son rôle s’articule-t-il avec celui des laïcs ?
L’articulation se fait d’autant mieux que chacun a conscience qu’il est baptisé, mais qu’il est investi d’une mission spécifique, qu’il doit accomplir au mieux ; les uns comme laïcs, les autres comme prêtres, tous au service de la même Eglise « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ». Cette certitude permet la collaboration fraternelle, dans le respect du rôle propre de chacun.
Qu’est-ce qui, aujourd’hui, peut empêcher un jeune de répondre à l’appel au sacerdoce ?
Le jeune doit faire le choix d’une vie pauvre, du célibat chaste. Il doit aussi renoncer à être son « propre maître » : Il dépendra de son évêque, qui l’enverra là où il ne veut pas forcément aller. Ce sont autant d’exigences qui peuvent faire hésiter, surtout aujourd’hui.
Qu’est-ce qui peut l’aider à dire oui ?
Principalement, sa découverte personnelle du Christ, de l’amour de Dieu pour tout homme et sa prise de conscience qu’il peut en devenir l’instrument pour ses frères, que cela peut être pour lui chemin de bonheur et de joie. Prise de conscience aussi que la vie ne sera pas forcément plus facile dans un autre état, le mariage en particulier. Chaque état de vie a ses joies et ses difficultés. L’exemple et le témoignage des prêtres est également important. Rien ne vaut le témoignage d’un jeune prêtre, pour susciter des vocations.
Comment, justement, susciter des vocations ?
C’est une question difficile ! Les résultats des différentes actions menées jusque là sont assez médiocres. Même si on constate – avec joie – que des jeunes continuent de répondre à l’appel du Seigneur (comme on l’a vu lors du grand rassemblement des séminaristes à Lourdes de novembre dernier). Actuellement, on remarque que beaucoup de séminaristes sont passés par les mouvements de jeunes (scoutisme, MEJ, Service missionnaire des jeunes etc.) qui sont des lieux de formation humaine et spirituelle exceptionnels. Soutenir ces mouvements et encourager les jeunes à en faire partie est un moyen de susciter des vocations sacerdotales et religieuses.
Et qui dire du rôle de la famille ?
Aujourd’hui, les vocations viennent surtout des familles où la tradition chrétienne est bien ancrée, même si, et c’est heureux, certains séminaristes viennent de milieux éloignés de l’Eglise, voire étrangers à la foi chrétienne. L’Esprit souffle où il veut. Le rôle de la famille est donc important et il est bon que dans les familles chrétiennes, on parle du prêtre de façon positive, on fasse comprendre combien son rôle est irremplaçable. La prière est bien sûr également très importante.
Prier pour obtenir des vocations ?
Oui, car le Christ lui-même l’a demandé : « Priez le Maître la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson ». C’est évangélique, il faut être fidèle à cette parole. Messe (à commencer par celle du dimanche du Bon Pasteur, journée de prière pour les vocations), chapelet, adoration, intercession personnelle ou communautaire… toutes les prières sont bonnes pour répondre à l’invitation du Christ lui-même. Au cours de ces dernières années (et pas seulement pendant l’année sacerdotale de 2009-2010), il y a eu beaucoup d’efforts dans ce sens, aussi bien au niveau des diocèses que des diverses communautés chrétiennes et des familles. Pour le moment, les fruits ne sont guère visibles. Mais il ne faut pas se décourager, et faire confiance au Seigneur. Ne restons pas passifs : attendons tout du Seigneur, mais en agissant et en priant ! »
